Amélie Péret et Nicolas Dubus, des créations communes
Portrait d'Amélie Péret, la nature comme source d'inspiration
Ma créativité prend son origine dans mon village natal en Baie de somme, où j’ai développé l’observation et une sensibilité aux éléments d’une nature sauvage… tempêtes, embruns, finesse des insectes (élytres, morphologie), graphisme et textures des végétaux (nervures, lichens). L’esthétisme de cette nature a su marquer mes conceptions artistiques, les gouttes de rosée sur une toile d’araignée, le givre sur les clôtures en bois patiné par le temps se retrouvent alors en bulle de verre transparent, fil de soie, couleur diaphane, matériaux bruts…
Naissance d'un processus créateur, à la rencontre des artisans en Afrique et en Asie
Après avoir suivi des cours aux Beaux Arts et obtenu une maîtrise d’arts plastiques, je deviens en 2000, élève de Luigi Boscolo, maître verrier italien de Murano. Mes sculptures en bois s’enrichissent alors de formes soufflées. En 2004, après l’obtention d’un Doctorat en sciences de l’art et du diplôme d’art thérapeute, je pars en Afrique et en Asie à la rencontre de l’autre. J’y découvre des cultures, des paysages et en retient des détails… le tracé d’une ligne d’horizon sur les dunes du désert, la texture d’un minéral recouvert de mousse, les couleurs d’un ciel orageux au-dessus de plaines herbeuses, les nuances d’une brume matinale sur des pitons rocheux… et des artisans, au Maroc, Sahara, Bénin, Burkina-Faso et Niger, m’initient aux techniques du bronze et de la céramique.
Un style qui se révèle et s'affirme par l'alchimie de la matière
Exposition décisive en 2006, Les Arts du Feu, où je présente mes créations en terre et verre, entre sculptures et tableaux et y rencontre Kyudae Ma, directeur de Maga Glass en Corée, pour qui je deviens designer le temps d’une résidence d’artiste. A Séoul, j’obtiens le projet du design et de la conception des vitraux de la cathédrale dans le quartier du palais royal. Et cette rencontre en 2007 avec Michi Suzuki, artiste japonaise figure majeur de la perle d’art, qui me fait découvrir sa pratique du verre. Le chalumeau devient alors plus qu’une évidence, une révélation…s’ensuit toute une étude de la matière, de l’alchimie des matières et du macrocosme des sculptures, j’en viens au microcosme du bijou. Je ne cesse alors de transformer la matière, de fondre le verre de Murano devant la flamme, d’exhorter le verre, l’or, l’argent et le cuivre … "en y laissant son empreinte forte de personnalité et de caractère comme pour mieux nous transporter vers un ailleurs… Se parer d’un de ses bijoux, c’est porter un micromonde, un microcosme onirique, une réserve d’imaginaire qui dans l’instant marque l’âme de poésie et le corps d’élégance." Maria Afonso, journaliste RFI.
Des couteaux en verre créés avec Nicolas Dubus coutelier
Passionnée par la matière et sa transformation, toujours à la recherche de l’esthétisme, depuis 2019, je n’use plus seulement d’un savoir-faire artisanal ni même de l’alchimie des matières, mais plus encore de la technique de l’électrolyse. Je sacralise alors dans un sarcophage de cuivre des éléments glanés dans la nature jusqu’ici restés anonymes mais dont l’observation a su déceler le détail d’un graphisme, d’une texture, d’une forme permettant par la même un design organique épuré aux lignes contemporaines. Et c’est en 2020 que je collabore avec Nicolas Dubus pour la fabrication de couteaux en verre. La technique de l’électrolyse n’est plus seulement utilisée dans mes bijoux mais aussi dans la confection de couteaux prestigieux. A travers nos créations, nous recherchons l’alliance de la pièce artistique et fonctionnelle, l’exploration d’un univers organique et minéral, l’expression d’un langage singulier et poétique. Tandis que Nicolas Dubus s’approprie les techniques de la coutellerie et les met à l’œuvre avec le verre, j’apporte esthétisme et design donnant ainsi naissance à une improbable alliance entre fragilité et robustesse. "Des couteaux haut de gamme, en pièces uniques, parfois même sur-mesure, tous à l’élégance et la finesse exemplaire." Anne-Cécile Turquety, rédactrice en chef La Passion des couteaux.